TIFT

MERRITT

Tift Merritt in Paris,
november 2005

La Java, Paris - Interview and photos by Jean Agostini 1 2 3

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Thanks to: Taryn Kaufmann, Russell Carter, Karel Beer

TIFT MERRITT est l'une des artistes phares du label Lost Highway, un label dédié à la country alternative et dépendant de Mercury Nashville (Universal). Tift Merritt était à Paris fin 2005 pour un concert , et elle vient d'ouvrir un concert de Dwight Yoakam en Angleterre ce mois de mars 2006

Jean Agostini – Bonjour Tift et heureux de te retrouver à Paris pour la première fois.

Tift Merritt – Non, non, ce n’est pas la première fois. Je  suis très contente d’être à Paris. J’étais étudiante ici il y a longtemps et j’ai habité ici. J’étais cet été à Paris et j’ai écrit mon nouvel album à Paris.

J A – C’est incroyable car ici les gens qui connaissent ton nom ne savent pas que tu parles Français.Il y a des artistes Américains qui ont des notions de notre langue mais les interviews se font en Américain, ce qui est normal. Tu parles très bien Français et cela va surprendre beaucoup de gens.

T M – Oui, c’est vrai. Je trouve que la langue Française est comme la musique. C’est quelque chose que j’aime bien. J’ai voulu l’apprendre. Mais par exemple, lorsque je fais des tournées en Norvège, c’est beaucoup plus difficile. Je ne comprends rien (rires….). J’ai la langue Française en moi.

J A – Est-ce que tes origines peuvent expliquer cela ?

T M – En fait, je suis née au Texas mais j’ai grandi en Caroline du Nord et je suis allé aussi à Montréal. Mais, mon lieu de résidence est la Caroline du Nord, ou Paris peut-être (rires…)

J A – En grandissant, tu écoutais quel style de musique ? du rock, de la country, du bluegrass ?

T M – Mon père écoutait beaucoup les albums de Dolly Parton, Bob Dylan, Aretha Frankin. Il jouait de la guitare, du piano, les chansons de soul avec Otis Redding, Percy Sledge, et je chantais avec lui. Ce n’était pas ce qu’il y avait à la radio mais des chansons plus anciennes.

J A – Est-ce que l’on peut dire que que tes influences viennent de cette époque et de tes parents, ou plutôt de ce que tu as écouté ensuite à la radio et au Texas ?

T M – Oui, peut-être, mon père m’a montré les accords à la guitare et j’ai travaillé la musique que j’arrivais à jouer. C’était Bob Dylan et la music roots, car c’est tout le temps les mêmes cordes. Oui, c’est quelque chose de simple et je crois que c’est l’origine de mes influences.

J A – J’ai vu sur le disque les noms de Karla Bonoff, que j’apprécie beaucoup, comme Jackson Browne, Waddy Wachtel. 

T M – Oh oui, c’est cela, j’adore Karla Bonoff, et c’est la scène Californienne des chanteuses qui écrivent les textes avec de fortes personalités. J’aime les gens qui ont expriment leurs points de vue.

J A – De Karla Bonoff à Mike Campbell, le guitariste des Heartbreakers, cela apporte des sons différents mais l’esprit est le même.

T M – Oui, c’est cela, et il y a aussi Maria McKee qui est superbe.

J A – Est-ce que tu l’as rencontré. A l’époque de Lone Justice, elle habitait à Los Angeles.

T M – Oui, nous nous sommes vues, et lorsque j’ai travaillé avec mon producteur George Drakouhas, il m’a raconté qu’il avait déjà collaboré avec Maria. Puis, il m’a demandé si je voulais chanter avec elle, et j’ai crié un grand oui.

J A – Maria McKee est venue à Paris il y a très longtemps et elle avait fait un enregistrement à Radio France. Tout le public était ravi de lécouter. Elle a un mood plus rock.

T M – Oui, mais j’admire sa présence vocale. 

J A – Il y a beaucoup d’artistes dont les voix sont belles mais qui se noient dans l’ensemble. La tienne et celle de Maria sont uniques et se reconnaissent aux premières notes.

T M – Oh merci. C’est très important d’avoir une voix bien personnelle car aujourd’hui sur les radios aux Etats-Unis, c’est bizarre, c’est tout le temps les mêmes choses.La musique c’est comme l’art, l’important est d’être soi-même est d’avoir une identité vocale.

J A – Quelle est la réaction des radios FM en Amérique pour ta musique ?

T M – Je suis un peu diffusée en Caroline du Nord mais il y a des stations indépendantes qui programment plutôt bien mes disques. Dans les grandes villes, ce sont les radios des universités qui me connaissent bien.

J A – Quels sont tes rapports avec ta maison de disques, Lost Highway, qui est un label d’Universal ?

T M – 9à se passe très bien. Je me sens chez moi. Il y a beaucoup d’artistes sur ce label : Lucinda Williams, Ryan Adams, Willie Nelson. Moi, je suis une nouvelle artiste comparée à eux. « Vas-y, fais comme tu le souhaites !! », voilà ce que m’a dit ma maison de disques. Je suis donc très heureuse d’être là, et même s’il y a certains éléments dont je dois tenir compte, cela ne représente pas un problème.

J A – Lyle Lovett est aussi sur ce label, tandis que Kim Richey est partie. Ce sont des artistes de qualité. Tu fais aussi partie des artistes qui écrivent leurs chansons.

T M – Oui, je connais aussi Kim, Avant de commencer à chanter, j’ai voulu écrire des romans, des histoires. C’est un peu difficile pour moi de demander à une autre personne si ce que j’ai écrit peut être dit.

J A – Les artistes qui écrivent leurs textes se définissent très souvent comme parolier avant d’être interprète. En est-il de même pour toi ?

T M – Oui, j’aime  toujours écrire des histoires, des poêmes avant tout, et je ressens vraiment bien l’émotion à ce niveau, avant de chanter.

J A – Quels sont les thèmes de tes chansons ? La famille, les tournées, la vie de tous les jours ?

T M – Oui, c’esxt souvent la vie, et je parle de choses ordinaires pour les rendre extraordinaires. C’est le travail de l’écrivain : voir des choses simples, prendre le temps d’explorer les situations et y voir les choses complexes que l’on n’apperçoit pas toujours.

J A – Il y a ton CD « Tambourine » mais j’ai vu il y a quelques jours au Virgin Etoile à Paris un CD bleu de sept titres. Peux-tu nous en parler ?

T M – Oh c’est génial !! c’est intéressant car c’est un album live. Un concert très agréable, et j’étais à Paris lorsque j’ai fait la pochette que j’aime bien et qui est simple. C’était en Caroline du Nord avec toute ma famille, mes amis, devant 4000 personnes, une grande nuit pour moi. J’ai un exemplaire ici pour toi.

J A – Merci. (ndlr : une serveuse apporte un café à Tift !!) Je crois que tu es déjà venue en Europe.

T M - Oui, je suis passée par l’Allemagne, la Norvège et la Scandinavie. et Amsterdam. Cette fois, on joue en Irlande et en  Ecosse. Je suis allée à la BBC et ils sont toujours très gentils avec moi. Je suis très contente de faire une tournée en Europe. C’est tellement joli. Aux Etats-Unis, du Texas à la Californie, ce sont de grandes distances aussi pour les musiciens. Ici, il y a la culture, les restaurants, le vin, les gens, l’histoire, et c’est bien de parcourir les pays.

J A – Une bonne partie des Américains a des origines Européennes. Il y a plusieurs cultures et chaque pays a ses qualités et ses défauts. Il y a en France une tendance regretable à l’anti-Américanisme, à mon avis. Je suis allé deux fois en Californie et cette région est belle, et le Griffith park à Los Angeles est attrayant.

T M- Oui, c’est très joli, et on pense à James Dean.

J A – Il est exact que la country music est très appréciée dans les pays nordiques en l’Europe.

T M – Oui, et par exemple, en Norvège tout le monde parle Anglais.

J A – Je pense que la différence de langue n’est pas un obstacle pour le public. Il y a de nombreux événementts ici, dont le festival de Craponne, et les gens viennent en grand nombre.

T M – Je vais aller y jouer alors !!

J A – Si tu avais quelque chose à dire au public Français, n’hésites pas !!

T M – c’est gentil. Je suis bien ici à Paris. Parfois, on a une affinité avec une ville que l’on ne connaît pas complètement, mais pour moi c’est le plus bel endroit du monde pour une artiste. Ici, c’est top !!

J A – Je suis sûr que tout le monde va apprécier car ce sont de très belles paroles. Merci pour cette rencontre Tift, et à tout-à-l’heure pour ton concert. 

T M – Merci beaucoup.

"Tambourine" "Home is loud" (Live)

Jean Agostini and Tift Merritt at La Java, Paris, France