Interview de IAN SCOTT par Jean Agostini le 23 septembre au Billy Bob's, Disney.

Des extraits du CD "Hop!" à la rubrique "Artistes francophones" sur HIGHWAYFM.com

Au bar du Billy Bob's juste après la balance pour une discution tranquile et chaleureuse, et la musique de fonds du lieu pour agrémenter l'ambiance US. Inute d'en faire plus puisque la discution sera très enrichissante et vous allez découvrir un personnage qui mérite le détour, et il n'a pas besoin de cirage de pompe!! J'ai rencontré Ian Scott il y a plus d'une dizaine d'années au Who's bar, un bar-spectacle près du quartier Saint-Michel, à Paris, et j'avais été attiré par ses reprises d'Eric Clapton et Dire Straits. Ian est très convivial, sans frime, pro, et avec lequel on peut discuter de country, de classic rock, de pop rock, et cette ouverture d'esprit correspond à l'univers musical mis en relief sur HIGHWAYFM.com.

Jean Agostini: Salut Ian, apportes-nous quelques précisions sur tes débuts de musiciens.

Ian Scott : J'ai commencé la musique au conservatoire à l’age de 6 ans. 2 ans de solfège puis 3 de guitare classique, ça m’à  déprimé. Lorsqu'on a cet âge, on n'a pas le droit de faire de guitare sauf si on a fait un an de solfège avant. Et moi, je ne voulais pas faire de solfège. J'avais vu Elvis Presley, et je voulais faire du Elvis Presley. Alors, on m'a forcé à faire de la guitare classique pendant un an et demi.

J A: C'est imposé par une loi?

I S: Non, c'est la méthode des gens du conservatoire. J'ai donc fait un an de solfège sans guitare, ai failli abandonner plusieurs fois, vraiment dégoûté, et c'est vers onze ans que j'ai arrêté la guitare. Puis, c'est revenu lorsque j'ai vécu deux ans au Paraguay en Amérique du Sud. Vers l'âge de 12 ans, on m'a appris les accords et je chantais en espagnol pour la première fois et c'était magique.

J A: A quel moment as-tu réalisé que tu avais une vraie voix de chanteur?

I S: C'est venu à 6 ans, lorsque j'ai vu Elvis Presley, j'ai commencé à chanter sur ses chansons. Ce sont mes parents, qui me voyant imiter Elvis, m'ont mis à la guitare. Le problème est qu'au conservatoire, je ne pouvais pas chanter car ils ne m’apprenaient que des airs classiques, et c'est donc à 12 ans au Paraguay que j'ai pu reprendre la chanson et la guitare en même temps.

J A: Quels styles de musique écoutais-tu au Paraguay? Musique Américaine?

I S: J'écoutais de la musique Paraguayenne, avec de la harpe, des guitares aux cordes en nylon, de la musique d'Amérique Latine avec de la flûte de pan. J'en chante pour les amis, c'est une musique riche.

J A: Je crois que tu as des racines écossaises et espagnoles.

I S: Ma grand-mère est catalane, et mon grand-père vient du nord de l'Ecosse.

J A: Ton oreille est certainement très réceptive aux sons anglo-saxons.

I S: D'abord, je suis influencé par la musique qu’écoutait mes parents ; les années 50, 60 et 70, avec Buddy Holly, Elvis et tous les groupes qui venaient d'Amérique. C'est bien plus tard que je me suis mis à écouter, à titre personnel,  les Eagles, les Rolling Stones, Creedence,Neville Brothers, Uzeb,Rodney Crowell, Kenny Rogers, des choses très éclectiques. Oui, lorsque tu es petit, tu écoutes un peu de tout, le groupe Yes aussi. Ensuite, on aime ou pas, ou on n'a pas le style pour chanter comme eux, mais on les a entendu, et lorsqu'on compose, tous ces mélanges reviennent et tu y apportes ta vision personnelle, ton mood.

J A: Le CD "Hop!" propose une diversité de styles, et certains titres tels que "Finalement" ont un rythme très highways, donc plus accessible à un large public, et qui pourrait être programmés sur des radios musicales telles que RTL2.

I S: J'ai essayé de ne pas tricher dans cet album. Comme je l'ai dit avant le concert, j'aurai pu faire un album avec 3 compositions, 7 reprises, et çà aurait été vraiment facile et il aurait été accepté par tous les gens de la country music car c'est ce qu'ils attendaient. Pourquoi faire çà alors qu'on a une personnalité. Il vaut mieux faire des compositions et faire découvrir aux gens d'autres choses que toujours "Jambalaya", que j'adore d'ailleurs, d'Hank Williams. Cà fait 15 ans que je la chante et l'envie de proposer autre chose est naturelle. J'ai voulu mettre des choses qui se dansent pour les danseurs, car j'aime bien quand ils dansent, et en même temps pour la personne chez elle dans son salon, ou dans sa voiture. "Finalement" a le rythme des Eagles et de "Take it easy", des choses comme çà.

J A: Le son général de l'album est très attractrif pour un public large. Il y a du mainstream, c'est-à-dire un courant commercial, qui peut plaire à un bon nombre de médias. Mais, il n'y a pas de bluegrass. Est-ce volontaire?

I S: J'adore le bluegrass. Les musiciens jouent vachement bien, mais c'est pas mon truc. Moi, j'aime bien les grandes mélodies au violon, les pedal steel. Je suis plus attiré par les riffs de guitares, etc... J'ai voulu aussi faire des chansons en Français et en Anglais car je suis en France, et c'est un public que je respecte et qui est dans mon coeur. Tout le monde ne parle pas Anglais et a besoin de se reconnaître dans une chanson. Pour "Jolie blonde", "Finalement" et "Hop", j'adore quand le public chante avec moi. C'est la raison pour laquelle j'ai fait cet album en deux langues. La chanson "Hop!" est sur un rythme saccadé et festif, et tout le monde, même ceux qui ne sont pas fan de country vont aimer cette chanson.

J A: Tu es accompagné par des musiciens de référence. Marc Bozonnet, l'ex-guitariste de johnny Halliday, et Denys Lable entre autres, mais je te laisse évoquer ces noms.

I S: Oui, Denys Lable est un grand guitariste. Il a commencé avec Julien Clerc, puis 15 ans aux côtés de Francis Cabrel. Il a une sensibilité dans son interprétation que je souhaitais avoir dans mon album, et dans la mesure où nous avions déjà joué ensemble deux ou trois fois, à St Tropez et dans des trucs sympas, et de plus nous sommes voisins, alors je lui ai proposé de participer à l'album. Il est venu avec 5 ou 6 guitares ; L5, vieilles télé,  pour des notes magiques. Il y a eu aussi Slim Batteux qui a mis de l'orgue dans "Oh baby" et "Finalement". Il y a de la pedal steel avec Marc Bozonnet, du violon avec Thierry Lecocq, Il y a Bruno Besse pour les riffs de guitare et son côté Stonien (ndlr: Rolling Stones), Nicolas Thouroude a la basse et Roland Bochot qui est un vrai métronome à la batterie. Roland ne suit pas les autres musiciens mais il les dirige et c'est très important d'avoir un tel batteur. Pascal Lasnier est venu à la basse sur "Finalement" et c'est devenu un pôte motard. Il y a Christophe Dupeu à l'harmonica qui a joué avec Johnny à Bercy et au Stade de France, et c'est tant mieux car c'est un grand harmoniciste. Thierry Lecocq est aussi très ouvert musicalement. Des choristes sont venues, Delphine et Valérie qui sont des filles tres sympas, et je pense que c'est important d'avoir aussi des voix féminines. En tout, il y avait 14 personnes

J A: En France, peu de groupes ont des choristes féminines. Est-ce la crainte d'avoir des problèmes entre les musiciens? C'est un apport pour créer un mood différent, une couleur musicale.

I S: C'est vrai que je voulais avoir une couleur, et on aurait pu faire guitare-voix, mais c'est sympa d'avoir un violon pour la country, une pedal steel pour les musiques un peu ricaines, d'avoir une bonne guitare saturée quand tu veux mettre du rock, et chaque musicien a son caractère et il vaut mieux en employer plusieurs pour avoir le son qu'on recherche plutôt que de se restreindre à un groupe.

J A: Les arrangements des chansons sont sophistiqués et la façon de jouer est très pro. Il arrive souvent en France, et parfois ailleurs, que les instruments se chevauchent ou soient joués à outrance sur des chansons. Ici, c'est nickel de ce point de vue.

I S: C'est un travail, le métier, et l'expérience,c’est mon 4e album, ça fait 18 ans que j’ai un studio, et y a aussi les musiciens qui n'avaient pas envie de faire n'importe quoi, Jean Marie Migeot qui a aidé (aux prises de son) .

J A: Que réponds-tu aux personnes qui te disent que ta voix est parfois un peu similaire à celle de Johnny Halliday?

I S: Il y a dans les chansons des voix qui ressemblent à d'autres. Quand  j'écoutais Axelle Red avec "Sensualité", je trouvais que çà ressemblait à Vanessa Paradis. Il y a des gens qui ressemblent un peu à Jean Jacques Goldman ou Obispo qui ressemble a Polnaref. Ce n'est pas une tare.Il y a des voix et des influences musicales qui font que l'on va ressembler à tel ou tel artiste. Ce n'est pas gênant puisque j'ai ma propre personnalité. Cela peut arriver sur quelques chansons et sur d'autres ce ne sera pas le cas.

J A: En fait, ce n'est pas récurrent. Il y a seulement des pointes lorsque ta voix est forte.

I S: Voilà, je crois que le mot est dit: ce sont des "pointes" lorsque je pousse fort dans les aigus. Le public aime bien parce qu'il dira que c'est un chanteur à voix, et d'autres diront: « oui, mais çà ressemble à Johnny!! », parce que c’est le seul qu’ils connaissent avec de la voix. J' n’aurai qu'une chose à dire: pour les comédies musicales, on se rend compte qu'ils ont tous la même technique vocale, sortant du conservatoire avec une voix un peu lyrique. Des gens comme Daniel Levy et d'autres artistes de ses shows ont des voix à peu près similaires, bonnes au demeurant, et cela ne les empêche pas de vendre des millions de disques. Quand je pousse en aigus, je prends aussi une technique qui vient du classique, parce que pour atteindre cette note haute, il faut passer par cette solution sinon la note ne vient pas. Il n'y a plus beaucoup de chanteurs à voix en France, alors si çà peut ressembler à quelqu'un dont la voix est puissante, ce n'est pas grave. Par contre, quand je chante en anglais, la similitude disparaît. Au final, c'est du Ian Scott. Au bout du compte, c'est le public qui achète le disque, alors si je me donne a lui et qu'il aime bien, alors tant mieux !. Souvent, le public me demande pourquoi on ne m'entend pas à la radio et à la télé, alors que je vais remplir 2000 personnes dans des salles. C'est toujours la même réponse: dans les médias, les gens sont un peu frileux pour lancer les artistes, et si tu ne fais pas une grosse « daube », ou que tu n'as pas les cheveux en l'air, que tu n’as pas de famille dans le business, ou que tu ne te déguises pas en rose, tu ne sors pas...

J A: A moins d'épouser Nicole Kidman ou Kenny Chesney, il est vrai que tu peux rester dans l'ombre un bon bout de temps.

I S: Voilà, les femmes rencontrent de grands producteurs, comme Céline Dion ou Shania Twain, ou il faut être le fils de..., sans forcément être mauvais, mais ils ont eu la chance d'être le fils de... et de s'en sortir.

J A: Il y a un sujet que je souhaite aborder avec toi. Tu étais récement à San Fransisco pour lancer la promo de ton CD. Qu'en est-il exactement de cette voie que tu cultives hors de France?

I S: C'est vrai qu'en France, je n'aime pas trop m'étaler là-dessus, mais j'ai ma moitié de carrière qui n'est pas en France. Je fais beaucoup de concerts à l'étranger, et loin car çà va de San Fransisco, au Sri-Lanka, la Laponie, la Tanzanie, la Croatie, l'Ecosse. Il y a de grands concert et des petits, parfois pour des réunions européennes ou internationales, mais c'est une carrière qui m'intéresse car ce sont des gens qui ne connaissent pas le marché français, qui ne me connaissent pas forcement, ils n’ont pas d’a priori et je sers un peu de représentant pour eux. En général, çà passe toujours bien car je suis d’origine écossaise et que j'ai les mêmes gouts musicaux que ces gens-là. Si j'avais un nom très français, il est possible qu'ils ne m'appeleraient pas. Ian Scott est mon vrai nom et cela me permet de mieux m'exporter. La moitié de mes dates se font sur l'étranger.

J A: Est-ce que tu as un manager et un producteur en Californie?

I S: En fait, j'ai deux managers. L'un est anglais, l'autre non mais il s'occupe beaucoup de l'international. et ces gens-là m'aident à trouver des concerts, soit par le bouche à oreilles, soit par leurs contacts personnels. Quand j'étais en Amérique du Sud, j'étais un peu petit mais j'ai gardé des contacts, et je suis distribué au Brésil. Il ne faut pas se prendre au sérieux dans ce métier mais il faut le faire sérieusement. J'essaye d'être distribué un petit peu et de chanter partout. Je suis quelqu'un de très volontaire et plus on m'appelle pour chanter, et plus je dis oui. Même si on n'est pas toujours bien payé ou pas totalement reconnu, il faut aller jouer et voir du monde et chanter pour l’amour de la musique. Je vis pour la musique et pour chanter.

J A: Tu fais à peu près combien de concerts par an? Je te demande cela car tu n'es pas souvent chez toi. Lorsque je t'appelle sur le portable, tu es en Croatie, au Mexique, en Lituanie...

I S: Disons qu'entre les spectacles de promotion, les caritatifs,ceux pour faire connaître la musique country en France, et les autres ; je dois être entre 100 et 150 par an. Et encore, je me suis calmé parce qu'à l'époque où je faisais les bars en Ecosse, les bars irlandais de Londres, et ceux de Paris la nuit, on jouait 4 fois par semaines...

J A: Dans le quartier très animé de Kilburn!!

I S: Oui, exactement, à Kilburn, et j'y ai joué avec John Hayes, et souvent 5 à 6 fois par semaine, alors au bout de deux ans, cela représente un nombre impressionnant de concerts. Ce sont des ambiances magiques et de surcroît, on y est payé au demi, à la Guiness ! alors après tu repars et tu ne sais plus du tout ce que tu as joué, mais tu es heureux. (rires).

J A: Ian, je te remercie pour ce témoignage très chaleureux sur ta carrière et je suis très confiant pour la sortie du nouveau CD "Hop!" réalisé par toute une équipe dont Marc Bozonnet et Denys Lable  entre autres pointures de renommée internationale.

I S: Merci beaucoup Jean et bon courage à HighwayFM.com