Heather Myles

"Sweet talk & good lies" Rounder

Le journaliste qui interviewait Heather grâce à son téléphone portable a constaté qu'elle avait traversé trois Etats durant leur échange verbal, ce qui tente à prouver que la chanteuse adore rouler à toute allure. Heather venait de sa maison en Floride et se dirigeait vers Nashville après un passage dans le Mississippi. Le style de country adopté par Heather Myles brûle au tempo des autoroutes, et tous ses albums drainent une généreuse envie de partir en Californie. Il est vrai qu'en dix ans, elle n'a sorti que quatre CDs, dont l'avant dernier "Highways & honky tonks" date de quatre ans.

Heather habite sur la Gulf Coast dans la moitié sud de la Floride. Elle commente la réalisation du CD "Highways & heartaches" comme ayant pris beaucoup plus de temps que prévu. Pour "Sweet talk & good lies", ce sont des problèmes de studio qui ont ralenti sa sortie. Ses albums sont une partie de sa vie et ils doivent être à l'image de ses désirs. Ses relations avec Rounder Records sont bonnes globalement, mais il arrive parfois qu'un désaccord se produise. Exemple, le concept du CD devait être interactif selon la demande d'Heather, mais Rounder n'a pas donné suite. L'image de verso du livret n'est pas celle réclamée, mais la chanteuse reconnait que le plus important est la liberté artistique dont elle dispose. "C'est vraiement très important de pouvoir jouer la musique qui me fait vibrer, et Rounder ne m'impose aucune pression. C'est la raison pour laquelle je travaille avec eux" dit-elle. Pour le studio, elle voulait travailler au Mad Dog, son studio habituel, et réclamait une pièce particulière. Ceci ne doit pas être considéré comme un caprice de stars, mais principalement un besoin artistique qui lui permet de trouver la juste note, la juste sensibilité.

Il y a eu des problèmes de management, et elle s'est séparée de son manager tout en conservant de bons contacts avec lui, mais il est allé jusqu'au bout de ce qu'il pouvait faire. L'agence qui s'occupe de ses concerts a traversé quelques difficultés, et trouver les musiciens correspondant à ses besoins n'a pas non plus été aisé puisqu'ils travaillaient déjà avec Dwight Yoakam. Ce dernier a trouvé le temps, si rare sur son planning, de venir chanter "Little chapel" sur l'album. La chanson parle d'un voyage à Las Vegas pour un mariage. Il leur a fallu un an pour mettre sur pied une séance en commun, c'est fou!! Le CD aurait pu paraitre sans la voix de Dwight, comme le demandait Rounder, mais Heather a insisté et dit qu'il y aurait Dwight ou pas de chanson du tout. Bref, les deux artistes se sont retrouvés à Mad Dog en mars. Heather l'a chanté, puis Dwight est arrivé en studio, et ils l'ont refaite. Rounder n'a pas perdu le nord et l'idée de sortir le titre en single a germé dans leur esprit, mais comme le rappelle justement Heather, il faut avoir l'accord de Dwight Yoakam.

Heather Myles n'est pas timide pour tenter de nouvelles choses musicales, et ici, les instruments et la production sont un peu différents. Il y a de la guitare électrique par exemple, et cela peut choquer les amateurs de honky tonk. Mais si Buddy Holly l'a fait, pourquoi pas Heather Myles. "By the time I get to Phoenix" est intéressant à ce sujet. L'autre producteur du CD est Michael Dumas, un proche de Dwight. Elle est native de Riverside en Californie, n'oublie pas sa prédilection pour le honky tonk mais aime dépasser ses limites musicales. D'ailleurs l'album se conclu sur "Cry me a river" de Julie London, chanson dont le mood ressemble à celui du blues, et les textes sont proches de ceux de la country music. Heather voulait y ajouter de la pedal steel guitar mais s'est ravisée préférant laisser couler la partition. L'album propose aussi "By the time I get to Memphis" le hit de Glen Campbell.

Heather Myles rappelle son point de vue contre Nashville avec "Nashville's gone Hollywood". "Durant un temps, Nashville était cool, hip et honky tonk" explique Heather, "puis c'est devenu Disneyland". Heather ne souhaite pas que la ville devienne comme Hollywood, et chaque fois qu'elle y vient, il y a de nouveaux buildings et un nouveau stade. Elle avait déjà écrit "Changes" à ce sujet. Pour l'aspect musical de Nashville, elle pense que tout a bien changé depuis longtemps, mais comme dans un cycle, la demande du public fait réapparaitre des sons à priori révolus. Heather n'est donc pas pessimiste, surtout lorsqu'elle évoque comme argument la dégringolade d'audience des radios commerciales country. Elle a raison dans la mesure où les stations diffusent le top 40 en boucle à longueur de journée, ou presque. Même Jay Leno, célèbre présentateur du "Tonight show with Jay Leno" sur NBC, est un fan de country music et invite souvent des artistes. En France, le bouquet numérique TPS propose NBC Europe et l'on peut voir plusieurs talk shows dont celui de Jay Leno qui figure dans la chanson d'Heather Myles.

"Homewrecker blues" est un traditionel country avec des thèmes traditionels. Le ranch d'Heather à Riverside a pour nom "Three C" et l'on peut y découvrir une cinquantaine de cheveaux. La terre appartenait à son père, et son grand-père fut jockey pendant trente ans au Santa Anita Track. Sa mère était canadienne et chaque année, ils allaient au Canada dans leur Ford avec des 8-tracks cassettes de Loretta Lynn et Hank Williams. Du coup, elle connait les paroles de toutes leurs chansons, au bout de 16 ans. C'est à 24 ans que l'occasion de travailler avec un groupe s'est présentée, mais elle avait peur de quitter le monde des cheveaux puisqu'elle était apprenti jockey. Ensuite, elle a joué dans les bars, le circuit normal de tous les artistes country, et le point de départ réel pour sa notoriété se situe lors de la sortie de la compilation "Points West: new horizons in country music" en 90 chez Hightone Records. On y trouve "Rum and rodeo" et "Lovin' the bottle". Le CD a aussi pour invités Joe Ely, Jimmie Dale Gilmore et Buddy Miller. Ce fut un booster pour son premier album "Just like old times" en 92 puis "Untamed" en 95. Les 2 galettes ont eu du succès mais Heather fait remarquer la difficulté de trouver son disque chez les commerçants lorsqu'on est sur un label comme Hightone. Le jugement est basiquement fondé, mais c'est tout-de-même mieux que rien. Un petit effort de mémoire nous dit que Dwight Yoakam a aussi emprunté le même chemin, figurant sur la fameuse compilation en 2 volumes "A town south of Bakersfield". Oui, les fans méticuleux me rétorqueront qu'il y a eu un troisième opus, mais il ne correspondait qu'au regroupement des deux premiers.

Son arrivée chez Rounder ne s'est pas faite rapidement puisque la démo qu'elle a envoyé à Ken Irwin, l'une des têtes pensantes de Rounder, fut très appréciée, mais réponse lui fut donnée sur l'orientation bluegrass du label. Lorsque le deal avec Hightone arriva à échéance, Heather n'a pas hésité une seconde pour rappeler Ken Irwin et lui demander s'il était prèt pour l'acceuillir chez Rounder. L'accord se conclu sur la base d'un album honky tonk. "Highways & heartaches" sort en 98 et l'un des titres est une reprise de "Kiss an angel good morning". Heather Myles a beaucoup de succès en Europe et elle vit à Londres depuis plusieurs années. L'option de chercher un grand label ne l'obsède pas car elle veut résolument contrôler toute sa garde-robe artistique. Quoiqu'il en soit, elle ne se plaint pas, ayant une maison en Floride, en Californie, à Nashville et à Londres, ainsi qu'un bateau à Marina Del Rey, port de plaisance très huppé en Californie, et immortalisé par une chanson de George Strait sur l'album "Straight from the heart" (Désolé, je n'ai pas pu m'empécher de le citer).

Heather Myles éprouve plus de facilités à s'exprimer en musique qu'en conversation, et c'est souvent le cas des artistes. Highway FM Mag' a toujours éprouvé une passion pour elle et le nouvel album "Sweet talk and good lies" perpétue notre dévotion à son égard. Merci Heather Myles pour votre mood.