Les EVERLY BROTHERS ouvraient les concerts américains de SIMON & GARFUNKEL l'été 2004, et ils sont passés à Bercy. Voici un chapitre de leur vie sous la plume de notre excellent ami Alain Fournier.

Bercy le 19 juillet 2004

THE EVERLY BROTHERS… ON THE ROAD AGAIN

Une longue route… à deux voix pour les frères Everly que les plus optimistes ne pensaient plus revoir ensemble sur scène, encore moins à Paris en 2004 !

Effectivement, les séparations sont monnaie courante chez les rockers et les duos finissent rarement à deux ! Mais il arrive parfois que les années de bouderies aboutissent à des reformations spectaculaires… parfois sincères, toujours lucratives !

Des retrouvailles après dix ans de silence, les Everly Brothers nous avaient déjà joué le film  en Angleterre, et Simon & Garfunkel pareil à Central Park en 1981 !

Cette année les deux faux-frères de la Pop-Folk reprennent la route ensemble après de longues années de silence… Et ils entraînent dans leur sillage Don & Phil que l’on pensait retirés des guitares depuis des lustres !

Rappelez-vous, c’était en 1957 –trois ans après le fameux « That’s all right Mama » d’Elvis- les Everly enregistraient « Bye Bye Love » au Studio B de Nashville… Deux guitares, deux voix indissociables qui fredonnent les petits problèmes des adolescents des annés 50. Une entrée fracassante dans les cœurs brisés des teenagers, et le début d’une étonnante carrière injustement passée sous silence dans notre cher Hexagone tombé aux mains des yéyés….

Plongés tout gamins dans le chaudron de la musique country, Don & Phil ont été initiés à la chanson par leur père, Ike Everly, redoutable guitariste du Kentucky. Il influencera le jeu  de Merle Travis et de Chet Atkins pour ne citer que les plus mauvais !!!

Chez Cadence Records les Everly Bros seront aidés dans leur ascension par le compositeur Boudleaux Bryant qui leur taillera des couplets sur mesure. Dans la foulée de « Bye Bye Love », on se souvient encore de « Wake up Little Susie » (repris par Simon & Garfunkel), « Problems », « All I have to do is dream » et autre « Bird Dog » qui transperçaient les hit-parades !

En 1960 ils vendront leur talent –et peut-être un peu leur âme- à la puissante Warner Bros pour un million de dollars !!

« Cathy’s Clown » fera le tour du monde : « Le p’tit clown de ton cœur » contribuera à la renommée du petit Richard, le père tranquille du Twist et à celle du grand Johnny… Quelques années plus tard « So Sad » deviendra « Cette maudite solitude » dans la bouche de Ronnie Bird et « Belles Belles Belles » assurera l’avenir de Cloclo !

Après 1965 –pour cause de beatlemania généralisée- les Everly quitteront le haut de l’affiche…. « place aux jeunes en quelque sorte » aurait dit Brassens !

La brouille légendaire éclate en 1973 au beau milieu d’un concert en Californie : Phil fracasse sa belle Gibson noire sur le plancher et claque la porte ! Quand on a appris en septembre 1983 que les deux frères enterraient une fois de plus la hache de guerre et qu’ils avaient choisi le Royal Albert Hall pour fêter l’armistice, on s’est précipité de l’autre côté du Channel pour fumer avec eux le calumet de la paix et on a eu raison !!!

Le double-album vinyl qui découle de cette réunion entre frangins (et avec Albert Lee ) est un véritable miracle : on le trouve encore en CD audio, et  le DVD vous donnera même l’impression d’être dans la salle !

« Toujours imités, jamais égalés ! » comme on disait dans les réclames à la T.S.F, les Everly  Brothers retrouvent  Paris… 39 ans après leur passage au Châtelet ! Ces « vieux amis » -invités surprise– sont restés les héros de Simon & Garfunkel tout au long de leur carriére débutée en 1958 sous le nom de Tom & Jerry… C’est ce qu’ils affirment au public parisien lorsqu’ils demandent à Don & Phil de les rejoindre sur scène. Les Everly Brothers –habit noir, guitares noires- n’ont chanté que trois tubes emblématiques : « Wake up Little Susie », « Dream » et « Let it be me » (signée Gilbert Bécaud), mais c’était suffisant pour juger de leurs parfaites harmonies vocales… Pour terminer –déjà ?– « Bye Bye Love » est entonné à quatre voix et Paul & Art reprennent les affaires en mains ! Les nostalgiques des Everly -Vic Laurens en tête- applaudissent comme dans un rêve : la venue à Bercy de cet « Old Friends Tour » le 19 juillet a ressuscité leurs idoles pour un soir, et c’est inespéré !!!

Merci à Simon & Garfunkel pour cet hommage à ces deux légendes du Rock : le respect aux glorieux aînés n’est plus monnaie courante dans ce vingt-et-unième siècle impitoyable …

                  Sur la « Route d’Everly » juillet 2004 - Alain Fournier