GARLAND JEFFREYS

"The king of in between" Big Lake Music / Luna Park Rcds

 

Un nom synonyme de groove, de blues, de rock’n’roll et de couleurs humaines ! Garland Jeffreys est de retour avec un superbe album « The king of in between », et je me souviens du temps des radios libres lorsque j’avais acheté en 79 ce petit vinyl « Matador » qui fut le hit planétaire que l’on sait.

 

Garland Jeffreys : « oh, ce disque est mon « Bridge over trouble water ! », et « Matador » est toujours diffusé à la radio en Allemagne, Hollande, Belgique, et je suis très heureux de cela. Certaines personnes me demandent si je suis fatigué de l’entendre tout-le-temps, et je leur réponds « jamais ». C’est une chanson qui m’a fait entrer dans le style musique du monde en europe. Je suis donc reconnaissant pour toujours envers les allemands, les belges et les français.

 

HighwayFM.com : « The king of in between » est un album parfait, et le problème que j’ai eu pour la diffusion radio est de choisir un titre. Chacun d’entre eux a un mood différent, et j’apprécie beaucoup « Til John Lee Hooker calls me » ainsi que les titres soul, R’n’B, Rock’n’Roll, et il y a aussi du violon. Je suis DJ en FM à Paris et ma programmation inclu ces styles ainsi que du folk et de la country, et les européens apprécient beaucoup les médias qui ont ce style de programmation très large.

 

Garland Jeffreys : Oui, c’est une programmation très large et c’est bien.

 

HighwayFM : Quelle sera la formation sur scène le 2 juin au Divan du Monde ?

Garland Jeffreys : Je serais avec un groupe. Mark bosch à la guitare, Brian Stanley à la bass qui est avec moi depuis trente ans, Tom Coriano un excellent batteur, et Grey un jeune gars qui joue du piano et des claviers, et de la guitare, et très talentueux. Le Divan est mon style de salle, et on va bouger les fesses !!

 

HighwayFM : Vous allez jouer l’album, mais y-aura-t-il les hits de votre carrière ?

Garland Jeffreys : Oui, quelques titres du nouveau CD et plusieurs chansons connues. Je compte environ 20 titres pour tout le show.

 

HighwayFM : Le public réclame souvent des titres. Vous donnez suite parfois?

Garland Jeffreys : A certaines occasions oui, mais je ne veux pas trop entrer dans ce jeu, car de mon côté, cela se fait au feeling et le choix des titres sur scène peut varier.

 

HighwayFM : Quand avez-vous rencontré Bruce Springsteen ?

Garland Jeffreys : Je l’ai rencontré au début des 70’s car nous avons grandi au même endroit avec des problèmes similaires. Il a grandi à Ashbury Park et moi à Coney Island, que j’appelle « The real Ashbury Park ». On a grandi dans une atmosphère un peu spéciale avec la plage, la mer, la famille, et on a un parcours de jeunesse identique avec nos pères et nos familles. Parfois, je vois des chansons sur ses disques, dont les thèmes sont mes idées, et vice-versa. Nous avons de très fortes relations d’amitié. Je l’apprécie beaucoup ainsi que sa femme, et j’admire les relations qu’il a avec ses enfants.

 

HighwayFM : Vous aviez un son bien plus soul en début de carrière, et le rock’n’roll vous a influencé ensuite tout au long de votre parcours. J’apprécie beaucoup Nat King Cole, et il est l’une de vos principales influences.

Garland Jeffreys : Oui, c’est vrai, et Nat King Cole fait partie de ce que j’écoutais au tout début. Je suis né en 43, et la musique qu’on écoutait à la maison, c’était Duke Ellington, Count Basie, Chick Webb, ce genre de musique, et ma mère était très jeune, on dansait beaucoup et ma mère écoutait Ella Fitzgerald, ma grand-mère aimait Nat King Cole, Sinatra, et elle m’a fait connaître Fats Domino et Little Richard, puis Jerry Lee Lewis. Frankie Lane est mon idole. Nous avions le même physique et le même âge, 12 ans. Il avait une superbe voix, et tout ceci était comme une nourriture pour ma fantaisie. A cinq ans, j’ai chanté sur scène, puis dans un auditorium et il me semblait qu’il y avaient des millions de personnes alors qu’on devait être 300 ou 400.

J’ai grandi avec une grand-mère portoricaine dont le prénom était Raphaella, et le nom de ma mère était Carmen. Mon grand-père était black et indien. La vie a donc été dès le début un challenge, une bataille, car j’ai un background multi-racial et c’est difficile à vivre pour un enfant. Les noms sont très typés et les gens font des remarques ou de mauvais blagues. En grandissant, on apprend à réagir et à se lever devant cela, et ma femme me dit toujours « Tu dois aimer les gens ». En fait, il faut se situer au-dessus de cela. Je veux voir les gens s’accepter les uns par rapport aux autres avec leur couleur et leur race.

 

HighwayFM : La musique est un vecteur très important pour permettre aux gens de se rassembler et de vivre ensemble. Qu’elle soit noire ou blanche, elle nous fait danser, est synonyme de vibrations pour chacun. En Europe, il y a un groupe écossais de soul blanche, l’Average White Band, qui a eu du succès et tout le monde s’en souvient.

Garland Jeffreys : Oui, absolument.

 

HighwayFM : Vous êtes aussi parolier, alors quelle est votre méthode pour écrire. Certains artistes aiment inventer des histoires, d’autres racontent les aventures de leur vie, qu’elles soient agréables ou non.

Garland Jeffreys : C’est très juste. Je pense que les aventures que l’on écrit doivent être vraies. Il faut trouver les mots justes pour exprimer ce que l’on ressent.

 

HighwayFM : Comment vous décrivez-vous en premier ? Chanteur ou parolier ?

Garland Jeffreys : Je me sens comme étant la meilleure personne pour interpréter mes chansons. J’écris pour moi-même. On demande parfois si j’écris pour d’autres gens, et je réponds que j’écris pour moi-même. J’écris mes chansons pour mes albums, et les fans aiment çà. J’ai eu des articles de presse non seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne, et ailleurs et c’est magnifique. Le Sunday Times, à Londres, en a fait une très belle chronique, de même pour Rolling Stones Allemagne, et à Mineapolis, un journaliste très connu et respecté a écrit : « The last career masterpiece » (« Le chef d’ouvre d’une fin de carrière »). Et les quatre références de chef d’œuvre en fait de carrière qu’a ce journaliste sont Johnny Cash, Bob Dylan, Paul Simon, et le dernier album de Garland Jeffreys ; Celui qui a la plus grande vitalité est celui de Garland Jeffreys.

 

HighwayFM : L’album étant parfait, la seule difficulté est de choisir les titres à programmer, alors la solution serait de les diffuser tous en même temp !!

Garland Jeffreys : Ahah, that’s very funny !! (rires !!!!) (ndlr : Garland est très amusé et content)

 

HighwayFM : Vous avez un excellent ami en la personne d’Antoine De Caunes. C’est une personnalité très respectée en France et en Europe. Comment l’avez-vous rencontré ?

Garland Jeffreys : C’est un homme formidable et nous sommes très proches. Je l’ai rencontré dans les 70’s et ce fut magique. Nous avons été « connectés » très fortement. Je reste à son studio ici, et lui est à New-York actuellement. Ma mère, à Brooklynn, est habituée à lui faire la cuisine, et elle lui a préparé un dîner turque pour Thanksgiving.

 

HighwayFM : Ma première visite à New-York date de 86. J’étais au bas de l’Empire State Building et écoutais Z100 avec un walkman, et en quelques minutes le DJ a programmé la superbe, et regretté, Whitney Houston, et vous, Garland Jeffreys. New-York est aussi la région de Bruce Springsteen. Vous l’avez rencontré à quelle époque ?

Garland Jeffreys : Bruce Springsteen, … c’est moi qui ai présenté Antoine De Caunes à Bruce Springsteen. Je l’ai emmené en backstages à un show et je l’ai fait se rencontrer.

 

HighwayFM : Un autre excellent ami, Lou Reed, est à vos côtés, sur l’album.

Garland Jeffreys : C’est un ami et on s’est rencontré il y a 51 ans au lycée, à la Circus University, et nous sommes devenus de très bons amis.

 

HighwayFM : Lou Reed est un superbe artiste qui vient de l’underground.

Garland Jeffreys : Oui, absolument, et il est très smart, comme John Cale. C’est difficile de se retrouver ensemble car chacun à sa vie, mais ce sont des personnes d’amitié très forte.

 

HighwayFM : Vous aviez un groupe, Grinder's Switch, sur le label Vanguard, et en tant que DJ, je suis en relation avec ce magnifique label très roots. Pouvez-vous expliquer un peu cette aventure ?

Garland Jeffreys : Ohh, Oui, c’est exact, et j’ai fait un album, et j’étais très influencé par The Band, et j’ai rencontré Levon Helm et le groupe. C’est une très longue histoire avec pleins de très bons moments. Il y avait l’argent, mais la musique était vraiment quelque chose. Un grand nombre de leurs albums sont excellents.

 

HighwayFM : Mon site web et ma programmation radio est faite, entre autre, de country music, contemporaine, folk ou alternative. Alors, quel est l’artiste qui vous intéresse dans ce milieu.

Garland Jeffreys : J’apprécie Steve Earle qui fait de bonnes choses. Levon est toujours une référence, et l’époque Woodstock reste un exemple pour moi. J’aime la musique folk, et la musique roots en général. Je ne suis pas un dingue de la musique noire soul moderne. Je fais parfois du hip hop, et j’adore Snoop Dogg et son rythme. Les mots qu’il emploie ne sont pas très cool, et je comprends que les femmes puissent être choquées, mais j’aime son groove. J’écoutais récement « Nothing but the G thing baby » et le mood est fantastique.

 

HighwayFM : Vous n’avez pas fait beaucoup de duos ?

Garland Jeffreys : J’en ai fait un avec Phoebe Snow. Je peux en faire, et cela dépend de l’artiste. J’aimerais beaucoup en faire un avec Stevie Nicks car j’aime sa voix. Avec une telle artiste, c’est bien plus que de la musique. Il y a une part de romantisme qui intervient dans l’interprétation.

 

HighwayFM : Quel titre avez-vous chanté en duo avec Bruce Springsteen sur scène ?

Garland Jeffreys : En janvier, nous avons joué « Wild in the streets »  ensemble lors d’un concert caritatif pour la recherche sur la maladie de Parkinson. Bruce jouait aussi de la guitare et on peut voir le document sur Youtube.

 

HighwayFM : A propos de Youtube, que pensez-vous du multimédia et est-ce que cela vous apporte un plus ?

Garland Jeffreys : Personnellement, je pense que cela apporte une grande aide pour communiquer avec mes fans. Je suis aussi sur Facebook pour ce lien avec les fans. Lorsque j’ai visité le Divan, j’ai mis les photos sur la page Facebook.

 

HighwayFM : Pensez-vous qu’avec internet et le multimédia, un artiste a besoin d’un label pour vendre ses disques ?

Garland Jeffreys : Je n’en suis pas sûr car j’ai créé mon propre label. Le business de la musique est en difficulté depuis des années, et c’est une bonne chose qu’il y ait une rupture et que chaque artiste crée son label et ai sa propre direction en matière artistique. De ce point de vue, on est aussi bien plus impliqué financièrement, et c’est une responsabilité importante.

 

HighwayFM : Dans le contexte d’avoir son label et l’apport des réseaux sociaux, les coûts peuvent-ils être moins élevés ?

Garland Jeffreys : Oui, car ensuite, je peux vendre mes Cds et vinyls lors des concerts. On peut vendre les T-shirts, et tout ce que demandent les fans car ce sont eux qui choisissent.

 

HighwayFM : Ce nouvel album « The king of in between » a été mixé à New-York au fameux Record Plant, studio mondialement connu, ou Mark Knopfler a beaucoup travaillé.

Garland Jeffreys : Oui, c’est un lieu magnifique, où j’ai enregistré « Matador » et « Wild in the streets ».

 

HighwayFM : Merci beaucoup Garland pour votre temps et tous ces récits.

Garland Jeffreys : Merci à vous, et dites bonjour à mes amis chez Vanguard Records.

Garland Jeffreys - mai 2012 Paris